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Nous sommes poésie

Ce qu’il en a pensé

La poésie est, au sens ordinaire, un désir, un désir de beauté, d’élévation, d’infini. Elle est peut-être et avant tout un état. Un état de grâce. L’ « état de grâce poétique » (p. 19), ainsi que Jean Désy définit la poéticité, touche à quelque chose de plus sacral, d’indicible et d’insaisissable que le « poème-poème ». Ainsi, la poéticité, peut se ressaisir comme l’antre, l’écart et l’excès du poème ; ou comme le corps, le bord, le débord de ce qui se peut saisir, écrire, éprouver du réel. À la quête de cette poéticité qui englobe et déborde la poésie, réexplorant la « route sacrée » par l’électrolyse de conversations enlevées, le plus nordique de tous les poètes québécois s’est improvisé accélérateur de particules subatomiques. Le résultat : une magnifique ode à la poéticité comme remède aux détresses – éthiques, politiques, écologiques, etc. – de l’époque. Autour du noyau atomique du projet, à savoir Jean Désy, gravite plusieurs créateurs du milieu littéraire et artistique québécoise (écrivain(e)s, poètes(ses), accordéonistes, chanteuses, slameurs,  enseignant(e)s, etc.). Et pas des moindres : Geneviève Boudreau, Flavie Dufour, Anne-Marie Desmeules, Thomas Langlois, etc. De cette alchimie d’idées et d’opinions, les sillons de la « poéticité essentielle » dévoilent quelque chose comme une ontologie poétique québécoise. En effet, il y aurait, s’il faut en croire isabelle Duval, un lien intime entre les Québécois et la poéticité : « elle nous permet de nous connecter avec nous-mêmes, avec notre nature profonde » (p. 20).  La poéticité, qui, selon David Goudreault, serait une « saine ambiguïté dans la parole ou dans l’instant, dans le vécu, au-delà des mots qui la définissent. » (p. 98) Cette essentialité poétique peut se confondre avec le  lieu du basculement du vers de l’ordre du faire, du dire, du déclamer ou de l’écrire-poésie à celui de l’être : de l’être-poésie (« nous sommes poésie » !). Après tout, la poésie n’est-elle pas cette insurrection de l’indicible qui parcourt le silence des tréfonds de l’être avant de prendre la parole ?

Radjoul Mouhamadou

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