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DÉDÉ, par Christian Quesnel : une chronique de Serge Durand

Cette Bd Documentaire vibre, vrille, avive par une aquarelle forte les émotions qui accompagnent les mots et la vie d’André Fortin .

« Est-ce que les autres humains regardent le même ciel que moi ? »

Christian Quesnel, avec droiture et respect, dessine une narration qui éclate dans une gestuelle qui est la sienne. Il multiplie l’espace. De grandes pages à grandeur nature. Des brisures, des éclats pour aller au bout du non-dit.

« Merci d’écouter, ça m’empêche de devenir fou! Adieu »

Sur le fil du rasoir, sur la corde raide, il évite les gouffres des légendes urbaines accolées au créateur des Colocs qui ont marqué plusieurs générations de fidèles épris de son énergie Punk, de son verbe d’une verdeur épique, et de la défense des  »sans défense ».

« L’amour c’est petit, c’est magané, ça veut toujours plus de chansons »

La façon de faire de Quesnel me fait penser à John Coltrane qui jouait de son saxophone du matin au soir jusqu’à ce qu’il tombe de sommeil. On lui demande le pourquoi de cette façon de faire. Sa réponse fut brève: « Je creuse le sujet. » Il y a un côté Jazz chez lui. Bien sûr il y a une trame chronologique mais ce qu’il traque c’est l’émotion. Il délaisse souvent la partition pour retrouver la liberté de nous dire des faits ou des paroles qu’il a beaucoup réfléchis avant de nous les faire connaître après avoir trouvé une mise en scène cohérente avec sa vision .

Ce qui a pour effet, paradoxalement, de nous donner cette douce sensation qu’il la joue à l’instinct comme Dédé. Du grand art !

« Ce que je me demande souvent, c’est si c’est possible d’être deux et de se réinventer un peu »

Je connais, vous connaissez la fin de l’histoire. Ce silence qui est fureur , bruit et peine insondable pour la famille et amis. Personne ne le dessine comme lui. Mégantic: Un train dans la nuit et Vous avez détruit la beauté du monde.

Il affirme en entrevue: « Tout peut être dessiné, mais tout ne peut pas être montré ».

« Y avait comme deux personnes en moi, André et une espèce de monstre qui recherche la perfection et qui a de la difficulté à accepter les faiblesses de l’autre. Je suis un monstre »

11 Juillet 1999, sur les plaines d’Abraham, collés comme des sardines, le show des Colocs qui sera le dernier. J’ai souvenir de ce moment où le temps suspend son vol. Dédé avec son casque d’aviateur , sa telecaster, seul devant la foule, tout seul au monde, qui chante Le Répondeur. Cette émotion est encore présente aujourd’hui chez moi et s’accorde parfaitement avec ce que je viens de vivre en lisant cette BD. En conclusion, je vous invite à méditer la première de couverture. Christian Quesnel y réussit sa quête : créer une figure emblématique qui joue un rôle essentiel dans la construction et le maintien de l’imaginaire social et de l’identité collective.

J’aimerais que mes chansons soient rechantées par les gens.

J’aimerais qu’ils s’accompagnent à la guitare dans un party et qu’y s’fassent du fun.

Pam tsuip po pan tsuip pan po bouip pan

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Serge Durand
Pour la Librairie La Liberté

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