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Gombri d’Elin Edda

9782922827910
Gombri
Edda, Elin
Mécanique Générale

Le 25 juin dernier paraissait Gombri, un roman graphique d’Elìn Edda publié chez Mécanique Générale. On sait que cette maison d’édition excelle en ce qui concerne le neuvième art, avec des albums comme Quelques pelures (Jimmy Beaulieu, 2006), La vie d’artiste (Catherine Ocelot, 2018) et Contacts (Mélanie Leclerc, 2019). C’est donc avec optimisme que j’ai ouvert Gombri lors de son arrivée en librairie.

On suit dans cet album Gombri, un être en pleine introspection, qui quitte le jardin duquel il prend soin depuis toujours allant à la rencontre de nouveauté. Son jardin s’est défraîchi au fil des années, il s’est vidé de ses couleurs, de sa vie et de ses habitants. En conséquence, Gombri décide d’abandonner son quotidien en marchant aveuglément vers l’inconnu. Plus tard, il rencontre Nanna une artiste chaleureuse avec qui il entreprend un voyage vers la grande ville. À partir de ce moment, sera chamboulée la vie, jusqu’à présent relativement tranquille, de ces deux attachants personnages. Gombri est un récit de remise en question, de doute. L’autrice manipule l’univers de la mémoire et fait en sorte que le lecteur s’identifie aux interrogations de Gombri en l’amenant à se questionner sur ses propres relations avec le temps et la nature. Les différents personnages sont puissamment en relation avec les différents environnements dans lesquelles ils s’immergent. La vie de Gombri devient terne au même rythme que les couleurs de son jardin s’amoindrissent, les personnages vivent frénétiquement en découvrant la cohue de la ville. Elìn Edda réussit avec brio la tâche difficile qu’est de dicter le rythme général du roman graphique conséquemment à l’espace dans lequel les actions se déroulent.

Il est rare de voir une bédé ou un roman graphique plongeant autant dans l’onirique et dans le coloré tout en restant sérieux et mature.C’est grâce à sa maîtrise de la couleur qu’ Elìn Edda réussit à dépeindre l’univers de Gombri dans un quasi excès de teintes, sans pour autant rappeler un album jeunesse. L’artiste représente habilement des décors multicolores tout en conservant le ton sombre de la narration. Ce contraste entre les dialogues et les nuances de couleurs submerge le lecteur dans un monde contredisant les émotions véhiculées, celui-ci se retrouve alors autant confus que les personnages.

C’est cette confusion qui rend la lecture de Gombri délectable et poignante pour le lecteur. Il serait un cliché de ma part d’annoncer que c’est un livre qu’on ne peut pas lâcher, mais dans le cas de Gombri, je ne peux que faire ainsi. Gombri, c’est 200 pages d’essoufflement et de désordre, 200 pages de discours surréalistes et de réflexions, c’est un roman graphique excentrique et singulier à lire absolument.

Marguerite Picher Peyrouse

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