La Compagnie Blanche d’Arthur Conan Doyle
9782752905857
La compagnie blanche / Phebus [Libretto]
La passion d’Arthur Conan Doyle
Durant les vacances, plusieurs personnes aiment s’immerger dans des romans policiers, question de s’évader du quotidien. Personnellement, je préfère me plonger dans des romans historiques et plus particulièrement dans les romans portant sur le Moyen Âge. Mon choix cette année s’est porté sur La Compagnie Blanche d’Arthur Conan Doyle. Bien sûr Conan Doyle est principalement connu pour ses romans policiers mettant en scène Sherlock Holmes et son assistant, le Docteur Watson. Mais ce que peu de personnes savent, c’est qu’il n’aimait pas vraiment écrire des romans d’enquête. Ces histoires n’étaient qu’un moyen, pour lui, d’assurer sa subsistance. Sa véritable passion est l’écriture de romans historiques. Il adore faire des recherches pour recréer le monde d’antan. C’est en visitant les ruines d’une abbaye cistercienne que l’idée lui est venue d’écrire une histoire sur l’une des plus glorieuses époques de l’Angleterre, soit celle d’Édouard III, lequel a régné de 1327 à 1377. Après avoir fait des recherches dans plus de 200 livres et avoir consacré un an à l’écriture, le résultat final a été La Compagnie Blanche, roman qu’il considère comme son chef d’œuvre.
1366, Abbaye de Beaulieu dans le Hampshire. Le jeune Alleyne Edricson est convoqué par l’abbé du monastère pour lui faire ses adieux. Maintenant âgé de 20 ans, Alleyne doit, conformément au désir de son père décédé qui l’a confié au monastère, quitter la vie monastique pour connaître le monde extérieur. Grandement attaché aux moines, Alleyne quitte avec tristesse cette vie qu’il trouve si idyllique. Il a comme objectif de retrouver son frère, qui est le seigneur de Minstead. En chemin vers la maison familiale, il se lie d’amitié avec un moine défroqué, John Hurdle et un archer anglais revenu de campagne, Samkin Aylward. Ces derniers vont retrouver Sir Nigel Loring pour lui demander de commander la Compagnie Blanche, une compagnie d’archers anglais qui guerroie dans le sud de la France. Ils invitent le jeune Edricson à les accompagner, mais celui-ci tient à revoir son frère et à retrouver une vie familiale. Cependant, la rencontre avec son frère n’est pas aussi réjouissante qu’il l’espérait. L’aîné va même chasser le nouveau venu qui décide alors de rejoindre ses camarades de route. Arrivé au château, Sir Loring accepte, avec grand honneur, de commander la Compagnie Blanche et ils partent alors pour la France pour combattre au nom du roi et de l’Angleterre!
Le roman se situe à une période sombre du Moyen Âge, soit la guerre de Cent Ans. Ce conflit était, à ses débuts, une guerre de succession, qui s’est vite changée en pillage civile. À cette époque, il y avait de nombreuses compagnies composées de mercenaires et engagées par des seigneurs pour y faire la guerre. La Compagnie Blanche imaginée par Conan Doyle est l’une de ces grandes compagnies. Le talent de l’auteur nous fait immédiatement replonger dans cette époque. En fier Anglais, il dépeint une compagnie composée d’archers, la grande force de l’armée anglaise. Bien que l’époque soit noire, le roman dépeint le bonheur de vivre. Au cœur du Moyen Âge recréé par l’auteur se trouve le code de chevalerie auquel doivent se conformer les membres de l’expédition. L’amitié et l’amour sont omniprésents dans l’intrigue, car ce sont les deux éléments qui lient les membres de la compagnie. Mais par moment, l’histoire est sombre. La pauvreté des paysans et des villageois du sud de la France, éprouvés par plus de 30 ans de guerre, est dépeinte d’une façon admirable. On assiste même à une révolte de paysans contre leurs seigneurs. Les serfs en ont marre du conflit et des tributs à payer pour qu’ils puissent guerroyer. La répression sera terrible…
La Compagnie Blanche est donc bien loin d’une enquête de Sherlock Holmes, mais c’est un très grand roman. Lors de sa parution en 1891, il avait été comparé à Ivanhoé de Walter Scott et je peux vous confirmer que 127 ans plus tard il tient encore très bien la route. Selon moi, le roman est aussi bon que ceux de Robert Merle, de Maurice Druon, de Ken Follet, d’Alexandre Dumas, d’Amin Maalouf, d’Umberto Eco, Victor Hugo et j’en passe. Un classique oublié qui se doit d’être redécouvert!
Jean Labrecque