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La disparition de Josef Mengele d’Olivier Guez

9782246855873
La disparition de Josef Mengele | Grasset

L’errance du médecin-bourreau


couverture-livreHelmut Gregor, Fritz Ullmann, Fritz Hollmann et Peter Horchbichler. Ces différents noms convergent vers une seule et même personne, soit Josef Mengele, médecin au camp d’extermination d’Auschwitz de mai 1943 jusqu’à l’offensive de l’armée soviétique en janvier 1945. Les pseudonymes cités plus haut auront servi à Mengele pour fuir l’Europe et pour résider en Amérique du Sud durant des années.

Olivier Guez s’est penché sur ce personnage de l’Allemagne nazie pour écrire un roman historique poignant nous permettant de comprendre le côté sombre de l’âme humaine. Tel un détective, Guez part à la trace de l’un des personnages marquants du régime hitlérien. En racontant la vie de Mengele (de sa fuite par l’Italie en 1949 jusqu’à sa mort au Brésil en 1979), cet auteur français décrit avec richesse et un style littéraire des plus agréable toute l’errance du médecin-bourreau.

S’accrochant de près aux faits historiques (plusieurs références bibliographiques se trouvent à la fin du livre pour approfondir le sujet) et en gardant une écriture fluide, vivante et romanesque, Guez brosse un portrait psychologique renversant de celui qu’on a surnommé « l’ange de la mort  ». Mengele est dépeint comme un être narcissique et froid. Jusqu’à ses derniers jours, et ce même devant son fils Rolf, il a toujours refusé de reconnaître toute forme de culpabilité pour les atrocités commises dans le camp d’extermination. À son arrivée en Argentine, Mengele coule des jours tranquilles en profitant de la complicité d’anciens nazis et de la bienveillance de Juan Perón. Toutefois, cette vie paisible finit par s’estomper au moment où le Mossad, l’une des trois agences de renseignement d’Israël, met la main sur Adolf Eichmann, un officier SS que Mengele détestait et réciproquement. Voyant l’étau se resserrer sur sa personne, Mengele va connaître une vie d’errance au Paraguay et mourra au Brésil.

Ce roman se dévore et fait œuvre de mémoire sur une période sombre de l’humanité. Après la lecture de La disparition de Josef Mengele, bien des réflexions nous viennent à l’esprit. Comment cet homme de la bourgeoisie, ayant fait de grandes études (médecine et doctorat en anthropologie) et amoureux de l’art, ait pu participer à cette folie meurtrière et devenir l’un de ses principaux acteurs? Qu’est-ce qui pousse un individu à légitimer cette mécanique de destruction et d’extermination? Ce roman nous rappelle que la barbarie humaine a existé et qu’elle existe toujours. Une tristesse nous habite à la fin du livre : Mengele aura réussi à échapper à la justice des hommes. Il est à mettre au musée des horreurs de l’humanité.

Bruno Lapointe

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