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Patrick Chamoiseau : langue et langage antillais

9782070389520
Texaco | Éditions : Gallimard

Langue et culture antillaise

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51kEkpj8xoL._SX301_BO1,204,203,200_.jpgTexaco, écrit par Patrick Chamoiseau, est une chronique de l’histoire martiniquaise relatant les malheurs d’une famille durant deux siècles de colonisation. Le roman met en scène Marie-Sophie Laborieux, laquelle fait le récit des principales étapes de l’histoire d’un secteur périphérique de Fort-de-France, un quartier nommé Texaco. La construction d’une route liant le bidonville au centre de la ville révèle au grand jour l’entassement des cases, si bien que les citadins réclament que le quartier, jugé insalubre, soit démoli. Marie-Sophie Laborieux se porte à la défense de ce bidonville, sur le point d’être démoli, en tentant de faire comprendre à un urbaniste, par le récit des gens qui ont marqué son histoire, l’importance de conserver ce quartier.

Un écrivain antillais comme Patrick Chamoiseau est amené, à travers son œuvre, à penser la langue. Le lecteur de Texaco interprète ainsi une véritable « fiction de langue », laquelle n’est pas sans situer au cœur du livre de Chamoiseau une réflexion sur le langage de même qu’un fictionnement de l’interaction langagière. L’une des stratégies textuelles de l’auteur est de faire cohabiter plusieurs voix. C’est ainsi que le roman de Chamoiseau constitue le théâtre d’une zone interlectale d’où émerge un parler neuf marqué par l’utilisation du français, du créole et d’un français créolisé. En fixant en texte la pluralité et la diversité des discours, l’auteur rapporte les multiples paroles des personnages à travers le prisme d’une langue différente, pas tout à fait créole ni tout à fait française. Le récit devient à la fois étrange et familier aussi bien pour le créolophone que le non-créolophone. Un des effets possibles de ce qui précède est de mettre en contact la culture du Soi du lecteur avec celle de l’ « Autre » littéraire, ce qui représente à la fois un bénéfice intellectuel et la valorisation d’une compétence particulière du lecteur : saisir le texte dans plusieurs « flux » culturels et reconsidérer la façon de dire le monde.

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